Balade à Restloas, dans les environs de Plounéour-Menez.
Nous découvrons par hasard d'énormes cuves taillées dans le granit. Recouvertes de mousse, au milieu des fougères et des ronces, témoins d'un labeur ancestral où le temps et la peine ne comptaient guère, elles sont vraiment impressionnantes.
Une hypothèse : des cuves gallo-romaines. Nous avons lu que des restes d'une villa gallo-romaine présentent un système hydraulique remarquable... Nous pensons aussi à des bains pour teinture de tissus...
Rien à la mairie... Des personnes nous parlent de "lavoirs". Nous poursuivons nos recherches. L'explication s'impose enfin après une lecture attentive du plan : il s'agit de "Kann-di", dont plusieurs sont attestés dans cette région du Finistère. Après recherches, nous en avons la signification : Kann-di, autrement dit "maison à blanchir".
Sans doute moyenâgeuses, ces cuves, insérées dans une petite pièce traversée par un ruisseau, servaient au rouissage du lin. Tout l'arrière-pays de Morlaix vivait du lin. La blancheur des fibres était réputée. Le commerce avec la Grande-Bretagne a longtemps été florissant.
Les fibres de lin étaient mises à tremper dans ces cuves, avant d'être rincées dans un ruisseau. Ces opérations leur permettaient d'être débarrassées de la pectose qui liait les fibres entre elles et au bois central de la tige. Le rouissage en ruisseau ou rivière a été interdit par la Communauté Européenne, en raison des émanations fétides de la pectose en décomposition. Le rouissage en cuves a été abandonné en France dans les années 1980. Il donnait pourtant une fibre nettement plus blanche que le rouissage sur champ qui s'effectue actuellement.
Cependant, le Kann-di de Restloas, et ceux que nous avons découverts dans les environs, ont dû être abandonnés il y a bien longtemps... Nous rêvons à tout ce travail artisanal disparu, qui faisait vivre toute une région...
Une association tente de restaurer et conserver ce patrimoine : l'association Dourdon. Le site duTélégramme nous présente son travail... |