10 mars 2012
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Mette Ivers
Doux enfants de la nuit qui venez à nos fêtes
épiant dans nos yeux le soleil oublié
beaux enfants de la nuit qui portez dans vos têtes
l'effroi d'un monde mort à nos rêves liés
Mains enfantines mains faites pour des conquêtes
plus vastes que la mer clairs doigts ensommeillés
mains enfantines mains fraîches mains qui s'apprêtent
à livrer à la nuit leurs bouquets effeuillés
Enfants calmes enfants aux yeux de tendre bête
brûlant d'une immobile et douloureuse quête
la ténèbre glacée où vous êtes vivants
Comment vous appeler comment sourire enfants
quand vous tournez vers nous les blessures secrètes
des yeux dans l'ombre ouverts aux ferveurs inquiètes
Jean Laroche
8 mars 2012
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Paul Couëdel
6 mars 2012
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Enfant je devais déjà partir... je me souviens de la dernière matinée tout avait l'air ancien les maisons les quais le soleil... On me conduisait à la gare on me disait : tu reviendrais bientôt... On répétait que j'étais bien heureux de tant voyager à mon âge... que je quitterai les trains pour un navire, le navire pour les litières, les litières pour les mules... que je monterai sur le sarrau bleu des collines, que je dormirai sous les faulx du printemps et que je verrai s'éloigner le couchant comme un grand bélier sur la mer à l'heure où les oiseaux du jour se taisent où les oiseaux de nuit hésitent à chanter... Je revois ma mère... son geste d'abandon... mon père à-demi invisible et qui avait changé de nom et de visage... J'entends encore les recommandations inutiles les adieux de mon seul ami... je sens ses baisers ses pauvres larmes sur ma joue Après... je me souviens du premier paysage : c'était une forêt ou une église immense... nous roulâmes tout le jour sous les ramages... dans les chants jamais je ne suis revenu 1er mai 1945 |
Norbert Lelubre