8 mars 2012
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20:00
Paul Couëdel
Paul Couëdel
Enfant je devais déjà partir... je me souviens de la dernière matinée tout avait l'air ancien les maisons les quais le soleil... On me conduisait à la gare on me disait : tu reviendrais bientôt... On répétait que j'étais bien heureux de tant voyager à mon âge... que je quitterai les trains pour un navire, le navire pour les litières, les litières pour les mules... que je monterai sur le sarrau bleu des collines, que je dormirai sous les faulx du printemps et que je verrai s'éloigner le couchant comme un grand bélier sur la mer à l'heure où les oiseaux du jour se taisent où les oiseaux de nuit hésitent à chanter... Je revois ma mère... son geste d'abandon... mon père à-demi invisible et qui avait changé de nom et de visage... J'entends encore les recommandations inutiles les adieux de mon seul ami... je sens ses baisers ses pauvres larmes sur ma joue
Après... je me souviens du premier paysage : c'était une forêt ou une église immense... nous roulâmes tout le jour sous les ramages... dans les chants
jamais je ne suis revenu
1er mai 1945 |
Norbert Lelubre
Jean-Luc Lerebourg
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